Najah AL BUKAI
Né en 1970 à Homs en Syrie, Najah Al Bukai fait ses études à l’Académie des beaux-arts de Damas entre 1988 et 1992. Il poursuit sa formation aux Beaux-Arts de Rouen pendant trois ans. Au début des années 2000, il retourne s’installer dans la capitale syrienne où il ouvre son atelier et enseigne.
Dénoncé pour avoir participé à quelques manifestations, Najah Al Bukai est emprisonné à Damas au centre 227, géré par les services de renseignements militaires. Il passera l’équivalent d’un an en détention, entre 2012 et 2014. En 2015, il parvient à fuir avec sa famille et gagne Beyrouth, puis la France, où il obtient l’asile politique. Interrogatoires, scène de torture, enlèvements, entassement dans les cellules, déplacement de cadavres par les co-détenus… rien n’échappe au crayon acéré de Najah Al Bukai dont la raison de vivre est désormais de témoigner. La force de son trait égale les dessins d’un Zoran Music retranscrivant après la Seconde Guerre l’univers des camps de concentration. Crayon, bic ou gravure… les scènes d’horreur défilent dans cette tentative d’exorciser la descente aux enfers qu’il a vécue. Najah Al Bukai considère son travail comme un devoir moral vis à vis de ceux qui sont restés mais son œuvre tend à l’universel dans la description des scènes d’horreur qui, au fil de l’Histoire, ne cessent de se répéter. Les visages traités sommairement en clair obscur sont ceux de tout un chacun, les corps dénudés et décharnés, évoquent tout détenu maltraité.
Essentiellement en noir et blanc, avec parfois des rehauts de gouache ou d’aquarelle, ses dessins et gravures témoignent d’un immense talent de dessinateur, au trait libre et délié, évoquant tant les Prisons de Piranèse que les Désastres de la guerre de Goya ou l’existentialisme d’un Giacometti.
En lien avec le master « Arts visuels pour le journalisme », Najah Al Bukai a bénéficié en 2019 d’une résidence de deux mois à l’École Européenne Supérieure des Beaux-Arts de Bretagne (EESAB) de Lorient. Sa production à l’atelier de gravure de l’école lors de ce séjour a fait l’objet d’une exposition entre mars et avril 2019. Maître de la taille douce (pointe sèche, eau forte, aquatinte), Najah Al Bukai a obtenu de l’Institut de France une résidence en gravure à la villa des Pinsons, à Chars, entre avril 2019 et juillet 2020. Il travaille chez lui en région parisienne et à l’atelier Moret, à Paris, pour la gravure.
Born in 1970 in Homs, Syria, Najah Al Bukai studied at the Damascus Faculty of Fine Arts from 1988 to 1992. He continued his training at the Rouen Ecole des Beaux Arts for three years. In the early 2000s, he returned to the Syrian capital, where he opened a workshop and began teaching.
After being denounced for having taken part in demonstrations, Najah Al Bukai was imprisoned in Damascus at the Centre 227, which was run by military intelligence. He spent the equivalent of a year in prison from 2012 to 2014. In 2015 he was able to flee with his family, arriving first in Beirut, then travelling on to France, where he was granted political asylum. Interrogations, scenes of torture, kidnappings, crowded prison cells, transporting bodies with his fellow prisoners… all were captured in the fierce drawings of Najah Al Bukai, who made the need to bear witness his reason for living. His drawings have the force of those of Zoran Music, who conveyed the horror of concentration camps after the Second World War. Whether executed in pencil, ballpoint pen, or through engraving, the many scenes of horror represent the artist’s attempt to exorcise his descent into hell. While Najah Al Bukai considers his work to be a moral duty owed to those who remain, his work is universal in its description of the horrific scenes that have continued to repeat themselves over the course of history. The faces, summarily treated in chiaroscuro, are those of everyman, the nude and emaciated bodies might belong to any mistreated prisoner.
Mainly in black and white, sometimes with gouache or watercolour highlights, his drawings and engravings show his immense talent as a draughtsman. His loose and free lines are evocative of Piranesi’s Prisons, Goya’s Disasters of War, and Giacometti’s existentialism.
During the course of his master’s degree in “Arts visuels pour le journalisme”, in 2019 Najah Al Bukai was offered a two-month residency at the École Européenne Supérieure des Beaux-Arts de Bretagne (EESAB) in Lorient. The work he did in the school’s engraving workshop during that residency was shown in an exhibition in March and April 2019. A master of line engraving (drypoint, etching, aquatint), Najah Al Bukai was offered a residency in engraving by the Institut de France, at the villa des Pinsons in Chars, from April 2019 to July 2020. He works at his home in the suburbs of Paris, and at the atelier Moret in Paris, for his engraving work.